Les objectifs de développement durable, où en est-on en Wallonie ?

Florent Crispiels, le 3 novembre 2023

Le Gouvernement wallon s’est engagé à atteindre 89 objectifs chiffrés relatifs aux ODD pour l’horizon 2030. Ces objectifs permettent de fixer une direction claire à la Wallonie en matière de durabilité pour les années à venir. Où en est-on aujourd’hui ? Smart2Circle décrypte l’état des lieux de la Wallonie.

Les 17 objectifs de développement durable

Les ODD, ou Objectifs de Développement Durable, sont un ensemble de 17 objectifs mondiaux établis par les Nations Unies dans le cadre de leur programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces objectifs ont été adoptés en septembre 2015 par les 193 États membres des Nations Unies et visent à répondre aux défis communs de notre époque.

Les ODD couvrent un large éventail de domaines, notamment la lutte contre la pauvreté, la faim, l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes, la santé, l’eau propre, l’assainissement, la réduction des inégalités, l’action climatique, la paix et la justice, et bien d’autres. Chacun de ces objectifs comprend des cibles spécifiques, soit un total de 169 cibles, pour mesurer les progrès vers leur réalisation.

L’objectif global des ODD est de créer un monde plus juste, plus équitable et plus durable d’ici à 2030. Ils sont devenus un cadre essentiel pour orienter les politiques à passer à l’action sur un plan international, national et local.

Et concernant la Wallonie ? Dans le cadre de la troisième stratégie wallonne de développement durable adoptée en 2022, le gouvernement wallon a pris l’engagement de réaliser 89 objectifs mesurables liés aux Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces objectifs servent de points de référence pour la plupart des indicateurs évalués dans le cadre du troisième bilan des avancées publié en 2023. Par exemple, la Wallonie s’est fixé comme objectif chiffré que 100% des wallons doivent avoir accès à la quantité journalière recommandée de fruits et légumes d’ici 2030. Cet objectif est directement lié avec l’ODD numéro 2 “Faim zéro”.

Ce troisième bilan permet à la Wallonie de faire le point sur l’avancement et de mettre en lumière les performances positives et négatives parmi ces 89 objectifs. Examinons cela de plus près en identifiant cinq exemples encourageants et cinq domaines où des améliorations sont nécessaires

Cinq exemples encourageants

Taux de fracture numérique

La Wallonie vise à éliminer la fracture numérique (citoyens éloignés des aspects digitaux et/ou sans connexion internet) au sein de sa population d’ici 2030. Cependant, mesurer cette fracture numérique de manière constante est complexe en raison des évolutions rapides dans le domaine numérique. En 2021, 32% de la population wallonne était en situation de fracture numérique. Les données montrent une réduction de la fracture numérique de premier (taux des ménages sans connexion internet) et deuxième degrés (maturité numérique faible) entre 2019 et 2021. Les résultats sont encourageants.

Taux de chômage des 20-64 ans

En 2022, le taux de chômage en Wallonie était de 8,0%. C’est supérieur à la Flandre (2,9%) et inférieur à Bruxelles (11,3%). Entre 2011 et 2014, le chômage a augmenté, mais il a diminué depuis 2015. Les changements récents dans la définition de l’emploi et du chômage compliquent l’évaluation de l’évolution du taux de chômage entre 2020 et 2022. Les jeunes de 15 à 24 ans ont un taux de chômage élevé de 25,0%, tandis que celui des personnes de 55 à 64 ans est relativement faible à 5,0%. Le chômage des femmes est passé en dessous de celui des hommes depuis 2014, avec un taux de chômage féminin de 7,6% en 2022 (comparé aux 8,3% des hommes). Globalement, il y a eu des progrès significatifs vers la réalisation de l’ODD lié au chômage en Wallonie passant de 10% en 2000 à 8% en 2020.

Taux de chômage des 20-64 ans

En 2022, le taux de chômage en Wallonie était de 8,0%. C’est supérieur à la Flandre (2,9%) et inférieur à Bruxelles (11,3%). Entre 2011 et 2014, le chômage a augmenté, mais il a diminué depuis 2015. Les changements récents dans la définition de l’emploi et du chômage compliquent l’évaluation de l’évolution du taux de chômage entre 2020 et 2022. Les jeunes de 15 à 24 ans ont un taux de chômage élevé de 25,0%, tandis que celui des personnes de 55 à 64 ans est relativement faible à 5,0%. Le chômage des femmes est passé en dessous de celui des hommes depuis 2014, avec un taux de chômage féminin de 7,6% en 2022 (comparé aux 8,3% des hommes). Globalement, il y a eu des progrès significatifs vers la réalisation de l’ODD lié au chômage en Wallonie passant de 10% en 2000 à 8% en 2020.

Nombre de logements publics rénovés

D’ici à 2030, un total de 55 000 logements sociaux auront été rénovés en Wallonie, avec un accent sur l’amélioration de la qualité des logements publics pour répondre aux besoins de la population, notamment les plus vulnérables. En 2021, environ 95 000 ménages, soit 6% de la population wallonne, étaient logés dans des logements publics, tandis que 37 000 ménages étaient en attente d’un logement, avec une légère baisse due à la pandémie de COVID-19.

La rénovation des logements publics vise à garantir la salubrité, la sécurité et l’efficacité énergétique, car les ménages à faible revenu sont plus vulnérables aux coûts énergétiques élevés. Entre 2019 et 2022, 20 649 logements publics ont été rénovés, ce qui représente un progrès significatif vers l’objectif de rénovation de 55 000 logements d’ici 2030 en Wallonie.

Emissions de gaz à effet de serre

En Wallonie, l’objectif d’ici à 2030 est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% par rapport à 1990, aligné sur le Pacte vert pour l’Europe. Entre 1990 et 2021, les émissions ont diminué de 38,2%, atteignant 34 millions de tonnes de CO2 équivalent (hors secteur forestier) en 2021. Cependant, pour atteindre l’objectif de 55%, des progrès supplémentaires sont nécessaires. Les émissions wallonnes représentaient 30,6% des émissions belges en 2021.

Superficie des sites naturels protégés en Wallonie

Le Plan de relance de la Wallonie pour la période 2023-2030 comprend un objectif de désignation de sites naturels protégés. En 2022, il y avait 619 sites naturels protégés en Wallonie, couvrant environ 1,6% du territoire. Parmi eux, 84% faisaient partie du réseau Natura 2000.

La superficie des sites naturels protégés a augmenté ces dernières années, avec en moyenne 1.046 hectares désignés chaque année entre 2002 et 2022. La désignation s’est intensifiée au cours de la décennie 2012-2022, en particulier pour les réserves naturelles domaniales (RND) et les réserves intégrales en forêt (RIF), avec une accélération notable entre 2020 et 2022, avec 5.662 hectares désignés.

Cinq exemples où des améliorations sont nécessaires

Violence conjugale

Entre 2007 et 2021, la proportion de plaintes pour coups et blessures volontaires liées à la violence conjugale a augmenté de 16,8% à 30,9%. Cette augmentation a été plus marquée de 2007 à 2009, suivie d’une relative stabilité avec une nouvelle hausse en 2020. Il est à noter que bien que 2020 ait enregistré le ratio le plus élevé à 31,8%. Malgré des nuances dans l’interprétation des données, l’indicateur s’éloigne significativement de l’objectif de réduction de la violence conjugale.

L’utilisation de la voiture

D’ici à 2030, l’objectif pour la répartition des modes de déplacement en Wallonie est de tendre vers 25% pour les transports en commun, 5% pour la marche, 5% pour le vélo, 10% pour le bus, le métro et le tram, et 60% pour la voiture. Cependant, la part modale de la voiture reste élevée en Wallonie, passant légèrement de 78,2% à 78,8% depuis 1999, ce qui rend difficile la réduction de cette part. En comparaison, les régions de Flandre et de Bruxelles-Capitale ont des parts modales plus faibles pour la voiture (59% et 46% respectivement en 2017), avec une préférence marquée pour les modes actifs et les transports en commun. L’objectif de réduire la part modale de la voiture à 60% d’ici 2030 semble difficile à atteindre en Wallonie.

Rythme de l’artificialisation du territoire

En Wallonie, l’objectif d’ici à 2030 est de réduire la consommation des terres non artificialisées à 6 km² par an, tendant vers 0 km² par an d’ici à 2050. Cependant, les superficies artificialisées fluctuent d’année en année, avec une tendance à la hausse récemment, atteignant 12,94 km² en 2022. En 2022, les terres artificialisées représentaient entre 1 836 et 2 718 km², soit 11 à 16% du territoire wallon. La croissance la plus significative de l’artificialisation a eu lieu entre les années 1980 et 1990, suivie d’une réduction au cours des années 2000 et une légère augmentation récente. Dans l’ensemble, il y a un éloignement modéré par rapport à l’objectif de réduction de la consommation des terres non artificialisées d’ici à 2030.

Quantité de déchets ménagers

L’objectif en Wallonie d’ici à 2030 est de faire passer la production moyenne d’ordures ménagères brutes en dessous de 100 kilos par habitant par an. En 2021, cette production s’élevait à 139,3 kg par habitant, en baisse par rapport à 198,2 kg en 2000 (-29,7%). Cette réduction est due en partie à l’intensification des collectes sélectives. Cependant, bien que l’indicateur montre un faible progrès vers l’objectif de 100 kg par habitant par an d’ici à 2030, la quantité totale de déchets ménagers a légèrement augmenté entre 2009 et 2021, passant de 546,9 kg à 551,1 kg par habitant, entraînant un éloignement modéré par rapport à l’objectif de l’ODD.

Pourcentage de la population bénéficiaire de banques alimentaires

L’objectif en Wallonie d’ici à 2030 est de réduire la part de la population bénéficiaire de banques alimentaires à 0%, ce qui signifie que les personnes disposent de revenus suffisants pour accéder à une alimentation saine sans avoir besoin d’aide alimentaire. Cependant, en 2022, 2,3% de la population wallonne, soit 84 213 personnes, bénéficiaient des banques alimentaires, en augmentation depuis 2011 et en particulier en 2022. Cette tendance à la hausse est attribuée à la détérioration de l’accès à l’alimentation en raison de la crise économique, de la crise des réfugiés, de l’inflation élevée et de la guerre en Ukraine, qui ont entraîné une augmentation des prix alimentaires. L’indicateur montre donc un éloignement significatif par rapport à l’objectif de réduire la dépendance aux banques alimentaires d’ici à 2030.

Conclusion

En conclusion, de nombreuses avancées positives ont été réalisées en Wallonie au fil des années et commencent à donner des résultats encourageants. Néanmoins, il est important de reconnaître que des défis subsistent concernant d’autres objectifs. Ces indicateurs nous offrent une boussole pour évaluer notre progression en vue de l’horizon 2030, qui approche à grands pas. Il n’est jamais trop tard pour agir et intégrer ces divers objectifs dans notre vie quotidienne, que ce soit à titre personnel ou au sein de nos entreprises. Le changement est possible, et il est impératif que nous continuions à œuvrer en faveur d’un avenir plus durable et équitable.

Pour plus d’information rendez-vous sur le site : https://indicateursodd.iweps.be/odd-accueil.php

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